#2 Fumer la pipe au féminin...
Coups de cœur
Écrit par : Natacha

#2 Fumer la pipe au féminin...

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...ne devrait pas paraître singulier et pourtant ! Dans notre société genrée, cet objet fascinant s'est popularisé principalement auprès des hommes.
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Ceci est le deuxième épisode d'une série intitulée La pipe au féminin

NB : L'enquête préservant l'anonymat des participantes, toutes les citations resteront sans autrice.

Notre petite investigation

Dans le cadre de cet article de blog, j'ai proposé à nos clientes fumant la pipe de nous parler de leur pratique à travers une enquête.

Les réponses que j'ai reçues de ces femmes (pas si nombreuses) étaient fourmillantes d'anecdotes. Alors, tout comme pour les archives de l'épisode #1, nous allons explorer ces informations éparses et précieuses pour narrer les fumeuses de pipe d'aujourd'hui.

Voir l'épisode #1 - Fumer la pipe au féminin

Tout d'abord, sachez que l'âge des personnes ayant répondues va de 35 à 65 ans. Avec un moyenne de 46 ans, plutôt jeune non ?

Elles sont sportives (randonnée, vélo, tir à l'arc), créatives (peinture, calligraphie), aiment la nature, les livres, les animaux de compagnie (chiens) et d'élevage (border collies, brebis, moutons). Elles sont cadres, fonctionnaires ou en profession libérale, conservatrice de bibliothèque, cheffe cuisinière, sophrologue... Une palette de personnalités vaste et nuancée.

Leur histoire avec la bouffarde

Comment vous êtes-vous rencontrées ?

Une passionnée nous raconte que cette rencontre a eu lieu à Saint-Claude, elle était alors en vacances dans le Jura et est tombée amoureuse de cet objet si fascinant. D'autres s'y sont intéressées par curiosité, ou bien parce que la pipe faisait partie de leur entourage (père, oncle, mari) ou de leur héritage. Il y a aussi un volonté de se détacher de la cigarettes pour certaines, quand d'autres continuent à fumer cigares et/ou cigarettes. Mais la majorité des femmes ayant répondues ne fument que la pipe.

Je suis allée à Saint-Claude et c'est là que tout a commencé. Mon mari n'est pas tombé dans la marmite comme Obélix mais moi oui !!!

Pipe et tabac, la potion magique ?

Et ça dure de puis combien de temps ?

Plusieurs années ! Au moins 4 femmes on commencé il y a 5 à 7 ans, et 3 ont commencé entre l'âge de 20 et 30 ans. Pour certaines, c'est plus récent (1 à 2 ans), mais contrairement à la cigarette, c'est une habitude dont on ne souhaite pas se débarrasser.

Je me suis prise de passion.

Je voulais fumer pour le plaisir et non le rituel ou l'addiction.

Qu'en est-il de la coopération pratico-pratique entre vous et elle(s) ?

Alors là, les réponses concernant la maîtrise du matériel et l'art de fumer la pipe sont très diverses, allant de quelques semaines, à quelques mois, et à quelques années pour certaines. Cela dépend du rythme auquel on allume une pipe (occasionnellement, 1 à 2 fois par semaine, ou plusieurs fois par jour), et de son degré d'exigence j'imagine.

Qu'est-ce-que vous préférez chez elle(s) ?

Ici, les réponses sont tout aussi variées : les droites, les courbes, les moyennes, les courtes, les longues. Et de citer les formes et les marques : canadienne, dublin, lovat, prince ; Butz-Choquin, Chacom, Peterson, pipes de Cogolin, une 'Jean Nicolas' en héritage (maître pipier à Lyon). Et puis certaines femmes en ont quelques-unes et d'autres, une cinquantaine. Une répondante possède une trentaine de bruyère, des Mortas, des écumes de mer, des maïs et même une pipe en terre.

Je n'ai qu'une seule pipe mais beaucoup d'accessoires pour l'agrémenter et varier les plaisirs.

La première que l'on m'a offerte venait de Grèce, en bois d'olivier.

A quels moments appréciez-vous qu'elle vous tienne compagnie ?

Surtout dans les moments de détente : en soirée, le week-end, en balade. La pipe est associée au calme, à la relaxation. Sous les étoiles, dans son jardin, en fin de repas ou de soirée. C'est aussi parfois un outil pour réfléchir et se recentrer. C'est une parenthèse me dit-on. Moment solitaire ou partagé, en tout cas, fumer la pipe invite à ralentir et profiter.

Fumer la pipe en regardant les étoiles

Un plaisir égoïste, un moment pour se retrouver avec soi-même.

Le soir, nous fumons tous les deux nos pipes devant un bon vieil épisode de Sherlock Holmes.

La légendaire pipe Calabash de Sherlock Holmes

Connaissez-vous d'autres passionnées ?

L'une d'elles a des amies qui bouffardent mais de façon assez discrète. Ensuite, à part une amie convertie pour l'une des répondantes et sa belle-mère pour une autre, aucune ne connait d'autres femmes qui fument.

Échanger avec d'autres fumeuses de pipe

Et quel est le regard des gens en général ?

Les regards sont étonnés, intrigués, on trouve cela insolite. Les retours disent que souvent les gens sont d'abord surpris, ils trouvent cela drôle, puis cet amusement laisse la place à la curiosité et alors, il y a des questions sur cette pratique si peu commune, et encore moins chez les femmes !

On trouve cela drôle.

Je suis enviée par beaucoup d'hommes.

Je ne l'affiche pas, c'est ma vie privée.

Pour conclure, petit partage de commentaires en vrac :

Je fume du tabac à pipe à la menthe.

Style à redécouvrir. Surtout aucun déchet (pas de papier ni filtre).

Je voudrais souligner le fait que nous avons en France la chance d'avoir une belle communauté de la bouffarde. Grâce à cet art de vivre j'ai fait de belles rencontres. Je partage également cette passion avec des Suisses, des Belges... J'en profite pour remercier également toutes les personnes qui donnent de leur énergie pour faire vivre et perpétuer cette passion. De nouveaux pipiers sont en marche. Cela est rassurant pour l'avenir. Une dédicace si vous le permettez à mon pipier préféré, Pierre Morel que je salue.

Quant à moi, je remercie encore une fois sororalement les femmes qui ont répondues au questionnaire. Ces retours si variés me rappellent que même dans une niche rare comme celle de la pipe se regroupent des personnes différentes, uniques, faisant de ce simple retour de questionnaire, une synthèse multicolore. 

Et cette précieuse diversité réchauffe le cœur.

Témoignage personnel

En ce qui me concerne, j'ai atterri à La Pipe Rit en février de cette année 2025 et je me suis très vite sentie fascinée par cet objet. Vieillot, banal, connu de tout le monde. Il m'apparaissait appartenir au passé, avec une connotation douce, romanesque et bucolique (nos aïeul-le-s). Ou bien alors une connotation historique, politique ou militaire (Edgar Faure, Che Guevara). Ou encore artistique (Courbet, Magritte), musicale (Brassens), cinématographique (Blier, Gable), littéraire (Jean-Paul Sartre, Georges Sand), et même scientifique (Einstein). Bref, dans tous les cas, quelque chose de lointain et d'étranger, quelque chose d'une autre époque.

Et puis j'ai compris qu'en fait, il était tout à fait possible de fumer la pipe, pourquoi n'y avais-je pas songé plus tôt

Intrigué par cet univers insolite et plutôt masculin, je me suis dis que mon féminisme et moi y prendrions place avec plaisir ! 

Et puis ce fut comme lorsque j'ai été enceinte (tout à coup, je voyais toutes les autres femmes enceintes qui, avant, n'accrochait nullement mon regard ; et on était si nombreuses !), je me suis mise à remarquer des pipes partout !

En effet, quand j'ai débuté à La Pipe Rit, cet objet (qui me paraissait si désuet et inexistant quelques semaines auparavant) a commencé à se distinguer un peu partout dans mon environnement. Dans les films (Mars Attack, The Revenant, Django, Inglorious Bastard... beaucoup de Tarantino à vrai dire mais cela fera l'objet d'un autre article) mais également (et c'est là peut-être ce qui m'a le plus étonné) dans ma collection de Dave Robicheaux* qui ne me quitte jamais ! Incroyable. Je les lis et les relis depuis des années et je n'avais jamais repéré cet objet qui revient régulièrement dans les mains d'un coroner ou d'un chef de police. On parle bruyère au détour d'une description, on nomme les actes de bourrer la pipe ou bien la vider de ses cendres. Même très ponctuellement, la pipe est présente dans quasi tous les romans de Robicheaux et je n'y avais jamais prêté attention. Aujourd'hui, cela me saute aux yeux à chaque page où il en est question.

Le plaisir de fumer une pipe en lisant un livre

Je me suis donc rapidement acheté 2 pipes : une moyenne classique Éole courbe et une BPK plus longue, courbe également. Et j'ai débuté. Un peu compliqué au départ d'oublier les réflexes d'ancienne fumeuse de cigarettes, mais en 1 week-end, j'arrivais à bourrer une pipe, à la fumer, sans trop la faire chauffer ni la laisser s'éteindre.

Le semaines suivantes, j'ai refumé à l'occasion et petit à petit, j'apprends. Mais le chemin avant de fumer sereinement et qualitativement une bouffarde me parait encore long.

En plus de la pratique de fumer la pipe, il y a l'objet en lui-même. J'ai acquis ainsi une Dracula (Peterson) pour essayer du 9 mm et parce que :

La pipe Dracula par Peterson

Et puis c'est la Calabash qui m'a murmurée à l'oreille qu'il ne fallait pas s'arrêter à l'insolite forme qu'est la sienne et que je trouvais plutôt déplaisante à l'origine. Je l'ai un jour vu avec un tout autre regard et... il m'en fallait une ! Ce fut donc mon 4ème achat.

La prochaine ? Une Zeppelin !

Nous nous retrouverons bientôt pour évoquer les femmes célèbres qui ont fumé et fument encore la pipe dans l'épisode 3 de la série La pipe au féminin.

*La série Dave Robicheaux est une série de romans policiers de l'écrivain James Lee Burke (édition Rivages Noir). Ces romans suivent l'histoire d'un homme (Dave Robicheaux), inspecteur de police (le plus souvent) qui habite en Louisiane.

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1 commentaires

Par Mathieu 10/06/2025 17:17:16

Article très intéressant ! La pipe est un objet universel qui n'a ni genre ni sexe ni ethnie ni religion. Merci mesdames pour vos témoignages. À titre personnel, cet article m'a rappelé ma nourrice qui fumait un tabac qui sentait le caramel.

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