[Podcast, Épisode 3] Les écoles de pipes en France et en Angleterre

[Podcast, Épisode 3] Les écoles de pipes en France et en Angleterre

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12 juil. 2021
Dans ce troisième épisode de notre podcast "La pipe, c'est mieux", partons à la découverte de l'histoire des écoles de pipes françaises et anglaises et de leurs caractéristiques...

Pourquoi un podcast sur les écoles de pipes ?

Avant de commencer cet épisode, il convient d'en expliquer le concept. C'est le premier d'une série de quatre épisodes qui vont porter sur un sujet qui me tient beaucoup à cœur, à savoir les écoles de style en matière de pipes.

Les amateurs de pipes s'en rendent compte assez vite en se promenant sur Internet et dans les magasins de pipes, bien que l'on trouve des modèles extrêmement originaux ou bien fantasques, il faut bien admettre que les pipes se ressemblent. Se ressemblent-elles autant que ça ? Est-ce qu'on peut définir des critères et essayer de catégoriser les pipes ? C'est un exercice un peu risqué tant l'histoire de la pipe est riche, que ce soit en "courants artistiques" ou bien riche en personnages notables, toutefois nous avons essayé de dresser un tableau de l'évolution de la pipe à travers le temps mais aussi à travers une sélection arbitraires de pays.

Naturellement, il est difficile d'être parfaitement exhaustif et seule une collection de livres ne saurait rendre hommage à tous les artisans, marques de pipes et ateliers qui ont laissés une empreinte dans l'histoire de la pipe en bruyère. Il a donc fallut faire des choix arbitraires au moment de préparer ces épisodes, nous espérons ce qu'ils vous plairons tout de même.

Voici le programme à venir :

  • L'école française et l'école anglaise
  • l'école italienne
  • l'école danoise
  • les écoles américaines, japonaises et russophones puis la conclusion

Avant d'entrer dans le vif du sujet, il me semble indispensable de préciser une chose, les écoles de pipes ne sont pas des univers clos qui évoluent en parallèle sans se rencontrer, au contraire. Il est très fréquent que des artisans français ou autres origines aillent étudier pendant parfois des années auprès d'artisans étrangers puis reviennent dans leur pays d'origine pour pratiquer leur art. Il y a une très grande porosité entre ces univers qui s'influencent tour à tour en fonction des époques ou des modes.

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La pipe fait partie intégrante de la tenue de l'homme :

Tout d'abord, nous allons pencher sur l'école française et l'école anglaise car ce sont les deux qui ont posé les bases. Avant de commencer, je vous invite à écouter (ou re-écouter) les deux premiers épisodes qui portent sur "Saint Claude, capitale de la pipe" ainsi que "Tout savoir sur la bruyère" pour avoir une meilleure idée du contexte.

Revenons à la fin du 19ème à Saint-Claude, nous sommes au lendemain de la découverte de la bruyère qui a déferlé sur l'industrie de la tournerie. Autrefois petits ateliers à la production et aux effectifs limités, ce sont devenus des usines de grandes dimensions que l'on peut encore croiser dans les rues de Saint-Claude : Chapuis-Comoy, Jeantet, Ropp, Butz-Choquin.

Fumeur de pipe Chacom

Comme le chapeau que l'on arborait dès qu'on sortait de son domicile, la pipe fait partie de la tenue de l'homme du début du 20ème siècle. La pipe, c'est l'accessoire du français moyen, elle doit être abordable. Pour faire face à une demande absolument phénoménale, il fallait donc produire en grande quantité. Rappelez vous, au début du 20ème siècle, on produisait 28 millions de pipes par an soit la moitié de la production mondiale.

La pipe française est donc avant tout industrielle. Je sais que certains sont un peu fâchés avec ce mot mais ce n'est pas le synonyme de faible qualité. L'ajustement, le montage ainsi que la finition se font encore entièrement à la main. En revanche, il fallait trouver une solution pour faciliter les autres étapes de fabrication.

L'évolution des techniques de fabrication :

C'est le tour à bois du tourneur qui a permis cette révolution. Rappelez vous, avant la pipe, Saint-Claude était un haut lieu de la tournerie, on y façonnait une multitude d'objets en bois. Le savoir faire et le matériel étant déjà existant, il n'a fallut que de modifications mineures pour s'adapter à la fabrication de pipe. Mais c'est également le tour à bois qui a définit les standards en terme de forme et de perçage.

Usine de fabrication de pipes

Du fait des limitations technologiques, il était plus facile de produire une pipe avec une tige droite et un foyer perpendiculaire qu'une forme courbe, d'où la profusion de pipes néogène, billiard, pot, bulldog ou encore dublin, bref que des classiques...

Outre la simplicité des lignes de ces pipes, il est important de constater la symétrie des silhouettes. Regardez une pipe de Saint-Claude depuis le haut et tirez une ligne allant de l'extrémité du tuyau à l'extrémité de la tête, c'est une évidence les deux côtés sont parfaitement symétriques. C'est tout à fait logique quand on pense au fonctionnement d'un tour à bois. On façonne la tige en premier, on la perce puis on repositionne l'ébauchon à 90° pour façonner et percer le foyer.

Mais pourquoi avoir rassemblé la France et l'Angleterre alors qu'une Chacom et une Peterson ça se reconnaît au premier coup d'œil ? Certes tous les fabricants ont graduellement développé une identité propre, la pipe de Saint-Claude et les pipes anglaises partagent une origine commune.

En 1879, Henry Comoy de la maison de pipe Comoy émigre à Londres avec quelques ouvriers de son usine sanclaudienne et fonde la première fabrique anglaise de pipe. Si chacune saura évoluer et créer une image qui lui est propre, la pipe française et anglaise sont indissociables.

Artisan pipier et travail manuel

L'esthétique de la pipe en bruyère :

Un autre aspect rapproche les pipiers français et anglais, une certaine indifférence quant à la veine du bois. Les finitions ne visent pas à mettre en valeur la veine du bois, au moins au début. Bien qu'étant largement négligé, l'aspect esthétique n'est pas pour autant mis à rebut. Les pipes industrielles proposent un équilibre subtil et une grande sobriété dans leurs lignes. Les proportions entre la longueur du tuyau et celle de la tige sont habilement conservées de même que celle entre la hauteur du foyer et la longueur de la pipe. Bref, les pipes de Saint-Claude sont simples dans le sens noble du terme, efficace, élégante, épurée. Elles sont classiques dans le sens artistique du terme mais aussi classiques car ce sont elles qui ont posé les jalons de ce qu'est une pipe en bruyère.

Si les formes de pipes sont communes aux deux pays, les anglais innovent très vite. Dès 1910, Dunhill propose des pipes sans vernis contrairement aux pipiers français. Le bois est poli, teint en profondeur puis poli de nouveau. Ce procédé habile contraste les veines de la bruyère et met en avant le grain. En 1917, Dunhill innove et réinvente le sablage en proposant la finition Shell qui révèle les partie dure du bois et sublime la veine de la bruyère. C'est d'ailleurs à cette époque que Dunhill s'oriente définitivement vers le segment du luxe. La montée en gamme se poursuit avec l'arrivée de la finition Root Briar en 1931, une finition cirée au toucher soyeux légèrement teinté en brun clair.

Pipe anglaise (Dunhill Cumberland)

Pipe anglaise (Dunhill Shell Briar)

Les pipes françaises et anglaises continueront d'innover tout en gardant ce classicisme qui les caractérise tant. En parcourant les livres et Internet pour la réalisation de cet épisode, j'ai trouvé une citation qui correspond plutôt bien à la relation école française et anglaise :

L'ancêtre de la pipe c'est l'école française, globalement les anglais ont tout pris et on simplement ajouté le marketing...

Si Saint-Claude a été le berceau des précurseurs, la production n'a fait que diminuer. Partant de 28 millions en 1911, puis 4,5 millions seulement en 1925 jusqu'à 60000 pièces aujourd'hui. Naturellement la production a bien changé et les modèles semi free-hand ou complètement free-hand font désormais parti du paysage local. En effet, si Saint-Claude fut le berceau de la pipe en définissant les formes classiques, elle a été influencée par les écoles de pipes qui ont suivi.

Les français ne sont pas pour autant figés dans une production de masse, et ils ont largement pivoté vers une production de qualité que ce soit chez les industriels qui touchent autant aux séries longues qu'aux free hand. De plus, la nouvelle génération de pipiers adepte du free hand est là pour le démontrer...

Écouter le podcast sur YouTube

Pipe française (Butz-Choquin Versailles)

Pipe française (Chacom Stand-Up)

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